vendredi 24 janvier 2014

"L'homme qui a vu l'homme", le nouveau roman noir de Marin Ledun


Un roman noir, très noir... à l'image des Visages écrasés et de La guerre des vanités, deux précédents romans de Marin Ledun que j'ai déjà lus.
L'action se situe cette fois-ci hors des terres chères à l'auteur (Valence, Tournon, pour les deux romans précédemment cités) et nous catapulte dans le Pays basque français. L'enquête est menée par un jeune journaliste.

On retrouve avec bonheur le style haletant de l'auteur. Les chapitres sont courts et rythmés, et les dernières lignes donnent inexorablement envie de tourner la page suivante. Le lecteur colle aux basques du "héros" dans sa course, dans sa quête de vérité. Il n'y a aucun temps mort.
Marin Ledun excelle dans le genre, encore et toujours.

Iban Urtiz n'a de basque que le nom laissé par son père disparu quand il était enfant.
Élevé par sa mère en Savoie, il est de retour sur ses terres d'origine pour prendre un poste de journaliste dans un journal local de Bayonne.
Amené à couvrir la disparition inquiétante de Jokin Sasco, un supposé militant d'ETA, il n'aura de cesse de découvrir et de mettre à jour la vérité face à ce qu'il comprend vite être une guerre sale, très sale, à base d'actes perpétrés hors de tout cadre légal par de multiples acteurs insaisissables.
Il est épaulé par un journaliste cameraman indépendant, Marko Elizabe, un "vrai" Basque qui a déjà roulé sa bosse.
Face à lui, deux mercenaires, deux hommes dévoués aux sales besognes, qui veulent étouffer cette vérité dans laquelle ils sont impliqués et vers laquelle les deux journalistes progressent de jour en jour.
L'enlèvement de Jokin Sasco par un groupe d'hommes cagoulés à la solde des autorités policières antiterroristes, et les tortures qu'il a subies, quelques jours plus tôt, nous sont décrits dans le premier chapitre du livre.

Pas vraiment de surprises dans le scénario. On sait/comprend rapidement quelles genres de personnes sont à l'origine de la disparition du militant basque, les mêmes qui s'en prennent aux deux journalistes, par hommes de main interposés, de peur qu'ils ne fassent trop de vagues.
L'auteur nous immerge dans un monde à part. Un bout de France où des actes de non droit ont lieu.
Où policiers, autorité judiciaire et politique, paramilitaires et mercenaires se donnent la main pour briser, par n'importe quel moyen, surtout les plus illégaux, toute velléité d'indépendance.
Tout le monde sait, personne ne dit mot, et la France n'a d'yeux que pour la tempête Klaus qui sévit sur l'Ouest de la France. "Le monde entier se contrefout de Jokin Sasco et des petits Basques qu'on torture comme au bon vieux temps de la Question." (p. 398)
La noble quête de vérité menée par Iban Urtiz ne peut faire face à la puissance de la pseudo Raison d'État.

Marin Ledun m'a promenée dans un milieu que je ne connaissais pas. Je me suis enrichie, et c'est tout ce que je recherche dans une lecture. Ceci sans avoir l'impression de lire un exposé au sujet d'ETA.
Aucune solution n'est donnée, aucun coupable n'est arrêté. Juste des faits exposés, qui informent et qui donnent à réfléchir.
Et...surtout... un très bon polar qu'on n'a jamais envie de lâcher !

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3 commentaires:

  1. Et hop dans mon sac! :) Encore un Marin Ledun que j'ai bien envie de lire. :)

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  2. Bravo pour ton blog, que j'ai découvert aujourd'hui. Je te suivrai avec intérêt sur FB car entre JP Blondel, L. Tardieu (que nous allons bientôt recevoir dans notre mediatheque), le crochet et les HTSY : ça fait beaucoup de goûts en communs ;)
    Bonnes lectures à venir !
    Nathalie

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    1. Merci Nathalie !
      Tu as fait exploser les stats de ma page FB !!! :-)

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